Principe de Permaculture appliquée au jardin n°1

Commençons par définir rapidement ce que peut être la permaculture, dite “culture de la permanence”. L’idée est de recréer des espaces équilibrés et productifs pour les différents mondes du vivant (animal, végétal, humain), inspirés des agricultures traditionnelles et développant une agriculture durable et régénératrice des sols.

L’utilisation d’outils de conception (design) facilitent la création de systèmes vivants soutenables. Pour réaliser un design en permaculture, on peut suivre et s’inspirer des douze principes établis par les fondateurs de cette pensée: Bill Mollison et David Holmgren.

-” Un peu comme ” Les douze travaux d’Asterix? ” 

-” oui, c’est ça ! “

Il est temps de décortiquer le premier principe: OBSERVER ET INTERAGIR.

L’observation est une composante essentielle au jardin (on pourrait aussi dire au potager), car elle revient à chaque étape de création.

Par exemple: je relève une problématique (trop de limaces sur mes salades) / je traite celle-ci (je leur crée des mini-bassins de bière) / j’observe son évolution (Horreur! Un écocide de limaces, elles se noient, en même temps c’est ce que je voulais mais je n’assume pas cette solution) / je réajuste si besoin (je préfère qu’elles nourrissent des poules, donc j’introduis des poules)/ et j’observe à nouveau.

C’est important que l’observation soit active (ex: je choisis d’observer aujourd’hui uniquement les insectes) mais elle peut être aussi passive (ex: je fais la sieste dans un hamac installé à mi-chemin entre deux zones de culture et j’observe ce qui se passe les yeux fermés, qui bourdonne, comment circule l’air). 

L’observation peut être sensible mais aussi analytique, c’est à dire: 

  • non discriminante (ex: je choisis un petit espace et je note tout ce que je vois/sens/ressens/ à différents moments de la journée et/ou de l’année)
  • thématique: on peut s’attacher à l’histoire du lieu, sa géographie, à la présence du vivant, aux circulations (vent, course du soleil, zone d’ombrage, voie de passage), au cycle saisonnier, aux courbes de niveau…
  • instrumentalequalité du sol, pluviométrie, climat, plantes bio-indicatrices…

Petit exercice à faire chez vous: choisissez votre place médecine

Il s’agit de trouver un lieu et de vous y rendre assez régulièrement (c’est vous qui décidez de la fréquence), il n’est pas nécessaire d’avoir un jardin, un espace près d’une fenêtre peut suffire, un balcon, un parc… L’objectif de cette activité est de rester assis, immobile, en silence et d’observer (on pourrait aussi dire se laisser absorber). 

Avec l’expérience, on constate que l’observation s’affine et qu’on note de plus en plus d’éléments. En y réfléchissant un peu, vous pratiquez déjà cet exercice mais peut être dans un autre domaine qu’au jardin.

Voici notre place médecine chez Mésage, un hamac pour s’allonger et changer de perspective, s’assoupir aussi mais rester suffisament éveillé.e pour se laisser capter, bercer, pollenniser…il est situé entre deux espaces de cultures différents: le verger des petits fruits et le plein champ des légumes. On l’installe sur le chemin principal ce qui permet d’arrêter toute activité et de suspendre le temps.

Les photos de la ferme ont été prises au coeur du printemps 2023

A la lisière des deux espaces, un talus fleuri, ensemencé grâce aux  insectes pollinisateurs, génère de nombreux échanges: on observe les butineurs en pagaille, la course du vent accentuée par la pente des terrains qui n’ont pas le même niveau, c’est de cette place que nous opérons les remises en question, lançons les futures projections, attribuons de nouvelles fonctions…certaines verront le jour, d’autre pas. 

De cette pratique qui permet de suspendre un peu le temps, surgiront des interactions. A vous de déplacer votre regard et tous vos sens pour laisser se révéler à vous la complexité du monde et l’imbrication de ses différents systèmes.

A vos postes d’observation!