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Principe de Permaculture appliqué au jardin n°2

Le sujet est vaste mais nous choisirons de parler des énergies renouvelables et de nos observations sur leur gestion appliquée à la ferme: aujourd’hui ce sera l’EAU.

Avec cet hiver infini qui a fait tomber beaucoup, vraiment beaucoup d’eau par chez nous, on pourrait se dire que les sols ont fait leur stock en eau et sont prêts à amortir une sécheresse. Et bien non en fait, ou du moins pas ici en Finistère nord, car nous n’avons pas ou peu de nappes phréatiques sur notre bout de caillou granitique, donc l’eau traverse, lessive les sols, faisant fuir ainsi leurs nombreux nutriments  et puis s’en va, laissant des sols lourds, compactés.

Alors comment faire quand l’eau tombe en grande quantité une partie de l’année et qu’elle vient à manquer pendant l’été?

A la ferme, nous avons installé à différents endroits des cuves pour récupérer l’eau des toits (trois sur cinq sont raccordées et pleines aujourd’hui): certaines servent notre usage familial (nettoyage des combinaisons et maillots après baignade, arrosage des plantations du jardin) et d’autres pour l’usage professionnel.

Nous récupérons également à l’aide d’un petit bidon de 3L l’eau froide de la douche (avant qu’elle ne chauffe) et nous l’utilisons pour remplir notre fontaine qui filtre l’eau. Nous aimerions aussi installer des toilettes sèches pour réduire notre utilisation d’eau et parce que faire ses besoins dans de l’eau potable est une grande ineptie!

Mais revenons à la gestion de l’eau au jardin. 

Pour arroser nos légumes de plein champ et dans les serres, nous ne pouvons pas encore utiliser nos cuves de récupération (problème de débit, de dimensionnement), aussi utilisons-nous l’eau du réseau agricole local, soit en aspersion avec un jet directement , soit avec des tuyaux en goutte à goutte au plus près du plant. Ces solutions ne nous donnent pas encore totale satisfaction, car l’arrosage n’est pas assez uniforme comme celui d’une pluie..

Néanmoins voici les solutions que nous avons pu apporter sur la ferme pour maintenir un sol humide et frais à nos plantations et limiter autant que possible les arrosages:

  • les planches de culture sont quasiment toutes surélevées, pour créer plus de sol et permettre aux racines des plants de se développer davantage. Nous remarquons que malgré l’abondance de pluie cet hiver, ni les allées, ni les planches n’étaient saturées d’eau, celle-ci continuait donc sa circulation. Nous avons fait un test récemment sur des cultures en planche plate et le résultat était catastrophique: dans les allées l’eau faisait des flaques et le sol se compactait. Evidement chaque sol a sa propre composition et ne réagit pas de la même manière, l’observation et sa connaissance sont importantes pour adapter ses cultures.
  • nous paillons le plus possible nos cultures, et franchement sous le paillage, le sol reste humide et accueillant pour les nouveaux plants. Le paillage évite au vent (très présent) de dessécher le sol et limite donc l’évaporation de l’eau. 
  • nous associons dès que possible plusieurs plantations, par exemple: sur une planche de culture d’ail, nous avons laissés en place des semis spontanés de soucis calendula. Il apparaît que sous cette association le sol reste humide et frais, chaque plant profitant de la transpiration de l’autre, comme dans une forêt, alors que là où il n’y a que l’ail, le sol est desséché et il faut sarcler plus régulièrement.
  • pour nos semis en pépinière, nous utilisons une aquanappe, qui permet de conserver l’humidité après arrosage, les racines des petits plants avant repiquage se développent mieux vers le bas.
  • nous plantons des arbres, des arbustes, des saules qui aiment l’eau et vont donc drainer avec leur système racinaire le sol. Notre ferme se situe sur un terrain en pente et au point le plus bas la terre est lourde et très compacte. Nous travaillons à la création d’un talus avec de nombreuses espèces et des plantations étagées qui bénéficient du ruissellement naturel de l’eau sur le terrain. Par exemple les menthes et les saules s’y plaisent très bien. A terme nous aimerions aussi y implanter un petit bassin de biodiversité pour que s’y baignent des canards coureurs indiens.
  • les allées de circulation sont aussi paillées avec du broyat de déchets verts. Par chance nous pouvons en récupérer de grandes quantités, le plus difficile étant de l’étaler manuellement depuis la remorque, mais les mètres cubes apportés cet hiver ont grandement facilité la circulation sur la ferme.

Voici quelques illustrations de nos installations.

Vous l’aurez compris, la gestion de l’eau, ressource de vie, est capitale aussi bien au jardin que dans notre quotidien. L’observation de sa circulation permet de réfléchir aux solutions naturelles de captation et de stockage, avant même de se lancer dans de grandes entreprises type méga bassines!

Et vous, comment gérez-vous cette ressource naturelle au quotidien?