Le Mesclun dans le viseur

Le nom de Mesclun viendrait du niçois “MESCLA” qui veut dire mélange. 

L’histoire raconte qu’au XIXe siècle les pères franciscains du Monastère de Ciemez, galéraient à obtenir des rangées de salade complètes, tant les graines d’une seule variété étaient maigres et peu abondantes. Aussi pour nourrir les personnes qui leur faisaient l’aumône, complètaient-ils les jeunes pousses de salades, qu’ils prélevaient parcimonieusement, par des cueillettes aux abords de leurs jardins cultivés: roquette sauvage, pissenlit, cerfeuil…

Le Mesclun, mélange de jeunes feuilles de salades et d’herbes, était né.

A l’origine, les salades cultivées de l’époque étaient des laitues grasses, des romaines et des chicorées, plutôt de couleur verte. Le rouge et le blond sont venues plus tardivement nourrir et colorer le mélange.

Si l’on voulait respecter la recette authentique du mesclun niçois, le mélange devrait contenir 5 à 7 variétés de salade dont la roquette obligatoirement, même s’il peut évoluer au fil des saisons, la roquette ou le cerfeuil doivent rester une constante de la recette.

Aujourd’hui, deux siècles plus tard, les graines circulent plus facilement et l’on trouve des mélanges qui s’éloignent certes de l’histoire originale (pourpier, jeunes pousses d’épinards, mizuna, moutarde)…mais qui véhiculent des saveurs nouvelles, des formes incroyables, se chargeant de variétés voyageuses…

L’histoire du Mesclun trouve une résonnance bien particulière dans notre actualité. Allonger ses salades par la cueillette sauvage ne serait pas que l’apanage de certain.es qui seraient mu.es par un fort désir de revenir à nos origines de chasseurs-cueilleurs. On peut y voir aussi la nécessité à plus ou moins long terme de devoir faire un pas de côté réel pour cueillir ce qui se trouve autour de nous pour se nourrir. Inflation financière, pandémie, crise écologique, conflit géopolitique, la machine nous montre que notre résilience alimentaire est malheureusement loin d’être souveraine.

Même si aujourd’hui les semences se trouvent facilement, se commandent depuis de nombreux catalogues, se diffusent largement. Qu’en sera-t-il demain?

Peut-être est-il venu, le temps d’apprendre à re-connaître les plantes sauvages et comestibles et de nous habituer à manger des végétaux bien implantés dans leur milieu de vie et donc gorgés de bienfaits nutritionnels. D’une part, pour se réapproprier un savoir ancestral issu des populations traditionnelles et d’autre part pour moins dépendre de l’industrie agro-alimentaire, quel que soit le contexte. Notre environnement vivant est complexe et riche, chérissons-le et faisons lui confiance! Souvent les plantes dont nous avons besoin pour notre alimentation ou même pour nous soigner poussent autour de nous.

Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore: une salade verte (laitue, feuille de chêne, batavia) ne vous apportera rien d’incroyable sur le plan nutritionnel, alors que des orties tellement plus! 

Adoucissons les angles: à condition que les orties ne soient pas prélevés depuis une zone contaminée ou pollués et oui les salades apportent néanmoins de la douceur, du croquant, parfois de l’amertume, et aident consciencieusement à balayer l’estomac!

Chez Mésage, la recette du Mesclun s’enrichit de fleurs comestibles et de cueillette sauvage selon la disponibilité et la saison.

Depuis la ferme, nous cultivons le Mesclun selon ce que nous pouvons semer et trouver au jardin; sa composition évolue avec:

  • une base importante de roquette, sauvage ou cultivée, pour le côté poivré
  • les mizunas verte ou rouge, des moutardes asiatiques qui apportent du piquant
  • les purple et golden frills , des moutardes indiennes plus épicées
  • les choux Tatsoï ou Pak choï, pour des feuilles plus épaisses et croquantes
  • les jeunes pousses d’épinards, pour le côté fondant
  • le plantain corne de cerf, pour sa richesse en vitamines 
  • des salades, type cressonnette du Maroc, sucrine ou mouchetée de Salasc, pour leur douceur, couleur et forme, pour leur tenue au lavage 
  • des fleurs comestibles: soucis, pensée, mauve, pétale de rose trémière, fleur de coriandre, sauge ananas, cosmos, capucine, fleur d’ail maraîcher pour leur saveur étonnante et leur générosité
  • des feuilles d’arroche rouge, pour la texture et la couleur 
  • de la pimprenelle pour la nuance de concombre
  • du lamier pourpre, pour le petit goût de champignon
  • des aromates: thym citronné, coriandre, origan

La liste n’est pas exhaustive et nous apprenons chaque saison de notre jardin à découvrir et assembler de nouveaux mélanges.

La cueillette se fait à la main, le jour de la remise de la commande, au plus frais, le mesclun est rincé à l’eau potable mais nous vous conseillons de le rincer une seconde fois afin d’éliminer les éventuels clandestins! Pour le conserver plusieurs jours, nous vous conseillons de le placer, une fois rincé, dans un récipient fermé au bas de votre réfrigérateur.

A manger cru, feuille par feuille, en salade sur une tartine, en accompagnement, dans un sandwich, les yeux fermés…

Bonne dégustation!